Marie Romanens & Patrick Guérin
Nous vivons aujourd’hui une période de bouleversement sans précédent où, après l’extinction de tant d’espèces vivantes, se pose maintenant la question de notre propre avenir. Est-ce que, dans un futur qui se dessine de plus en plus proche, la Terre pourra être encore habitable par les humains ? L’entrée dans l’Anthropocène, nouvelle ère géologique, nous met en demeure de retisser, dans de brefs délais, les liens qui se sont défaits.
Sortir de la pensée dualiste pour favoriser la connexion entre les humains et le monde autre-qu’humain est, depuis son émergence, la préoccupation du courant écopsychologique. Un chemin qu’il nous faut désormais parcourir avec attention. Une vraie révolution pour nos esprits, imprégnés de cartésianisme !
Sortir de la pensée binaire
Ce qui apparaît avec l’écopsychologie est la nécessité de la dialogique. Il nous faut dépasser la vision binaire, celle de la logique classique qui remonte à la Grèce ancienne et qui s’est exacerbée à l’époque de la modernité. Cette grille de lecture repose sur le principe de non-contradiction d’Aristote, qui se formule selon trois axiomes :
1) l’axiome d’identité : A est A ;
2) l’axiome de non-contradiction : A n’est pas non-A ;
3) l’axiome du tiers exclu : comme A n’est pas non-A et réciproquement non-A n’est pas A, il n’existe pas de troisième terme « T » qui puisse être à la fois A et non-A. Ce troisième terme est obligatoirement exclu.
L’Occident applique largement ce principe, notamment dans sa tendance à voir d’un côté la nature et de l’autre les humains. Mais la logique aristotélicienne peut-elle jouer dans ce cas ?
Outre qu’il n’existe aucune entité que l’on puisse identifier comme étant « la nature » mais seulement des écosystèmes, outre que les humains recouvrent des façons d’être différentes, il est impossible de séparer radicalement les uns des autres. Par son corps, l’homme appartient au monde terrestre, au même titre que l’animal ou le végétal. Il est le résultat d’une longue évolution et ses fonctions vitales sont les mêmes que celles de tout organisme. Plus encore, si l’on en croit Antonio Damasio, même les plus élaborées de ces fonctions ne lui appartiennent pas en propre :
Lorsqu’un être vivant se comporte intelligemment et avec assurance en société, nous partons du principe que ce comportement résulte à la fois d’une capacité d’anticipation et de réflexion, et de mécanismes complexes – et que cette capacité et ces mécanismes s’appuient sur le système nerveux. Or il apparaît désormais clairement que de tels comportements auraient également pu naître chez de simples cellules isolées (bactéries) dès l’aube de la biosphère[1].
Plus nous avançons dans la compréhension du vivant, plus nous sommes obligés de reconnaître qu’il met en jeu des mécanismes identiques chez l’Homme, chez l’animal et le chez végétal. Aujourd’hui, le développement des connaissances scientifiques nous conduit à reconnaître notre proximité avec le monde autre-qu’humain. La recherche en biologie, par exemple, repère des gènes existant dans d’autres espèces permettant de guérir certaines pathologies humaines. Et, grâce à des scientifiques tels que Stafano Mancuso, nous pouvons découvrir l’intelligence étonnante dont font preuve les végétaux[2].
Serge Moscovici, psychologue social et théoricien de l’écologie politique, n’avait de cesse de rappeler que les compétences particulières d’Homo sapiens s’inscrivent dans le mouvement même de l’univers. Si les humains se perçoivent comme une exception, ils se trompent. C’est une histoire qu’ils se racontent, une pure illusion, car il n’existe point de terme qui soit indépendant de l’autre mais toujours relation réciproque entre l’un et l’autre, entre l’homme et le territoire, dans une dynamique de transformation conjointe. En cherchant à survivre et à améliorer son mode de vie, notre espèce a transformé les lieux qu’elle habitait et, tout en même temps, s’est transformée elle-même. Aussi nous faut-il être attentifs quand nous parlons de « société » et de « nature » :
Rien ne nous oblige à prolonger la confusion ; tout nous incite à mettre fin à la vision d’une nature non humaine et d’un homme non naturel[3].
Cette difficulté pour séparer nettement les réalités humaines des réalités naturelles remet complètement en question la possibilité du « tiers exclu ». Le principe de non-contradiction, énoncé par Aristote, s’applique dans des situations relativement simples. Le train pour Marseille ne peut être en même temps le train pour Bordeaux et réciproquement. Mais, lorsqu’il s’agit de questions plus complexes, il ne joue plus. Il est même toxique car il s’exerce selon une logique binaire à l’origine d’exclusions : bien / mal, vrai / faux, objectivité / subjectivité, individu / groupe, corps / esprit, nature / culture…
Par ce phénomène de séparation, voire d’opposition, qui assigne l’un et l’autre termes à des places précises, bien distinctes, on se coupe de la vie. Si nous voulons échapper à cette réduction du réel et prendre en considération le problème de la contradiction, il nous faut nous tourner vers un autre mode de pensée : la pensée complexe.
Avec le principe dialogique, énoncé par Edgar Morin, ce n’est plus l’un ou l’autre mais l’un et l’autre car les deux restent à jamais interdépendants. Ils échangent, se nourrissent réciproquement, coopèrent, entrent en compétition selon les situations auxquelles ils sont confrontés, mais toujours à l’intérieur de la même réalité systémique dont ils font partie et à laquelle ils participent. Associés aussi bien qu’adversaires, ils s’influencent l’un l’autre, évoluent et se transforment pour s’adapter à leurs interactions mutuelles. De manière récursive, les actions de l’un ont des effets sur l’autre, qui à son tour agit en réaction à la fois sur sa propre organisation interne et sur son partenaire. Ainsi les humains modifient le monde naturel qui, à son tour, les incite à évoluer, comme c’est le cas actuellement avec l’urgence climatique et la destruction de la vie sauvage.
Toujours selon le principe dialogique, il leur faut composer entre leur propre nature animale très ancienne, inscrite dans une corporéité qui, en continuité avec les autres êtres vivants, fait partie intrinsèque des écosystèmes terrestres, et leur aptitude à la conscientisation qui leur permet de développer une culture. Ils appartiennent aux deux sphères, qui ne cessent de s’interpénétrer. De même, il leur faut reconnaître que la gente animale est loin d’être dépourvue d’esprit, qu’elle est capable elle aussi de mentalisation[4].
Sur le plan de la production des savoirs, les oppositions habituelles entre la démarche scientifique et l’intuition, entre le rationalisme et l’empirisme, l’objectif et le subjectif deviennent également obsolètes à l’aune de la pensée complexe. Dès lors, ce n’est plus le rejet d’une approche par l’autre mais l’acceptation féconde de leur différence. Pour approcher le réel, les processus rigoureux de vérification sont toujours indispensables. Mais le sensible et l’imagination participent à l’émergence des hypothèses en amont, ainsi qu’au processus d’interprétation en aval.
L’opposition entre la psychologie et la sociologie, entre l’intérêt pour le développement individuel et l’intérêt pour la collectivité, ne tient pas davantage. Il y a du groupal en chacun et la communauté se crée en fonction des caractères et des valeurs des personnes. Ainsi la société se déploie-t-elle selon une relation dialogique entre groupe et individu, tandis que le sujet se construit en relation avec l’autre individu en même temps qu’avec le corps social. En conséquence, les deux disciplines, la psychologie et la sociologie, se doivent de développer une vision bifocale afin de prendre en compte les deux réalités
Tandis que la complexité des phénomènes vivants est de mieux en mieux reconnue, avec ses entrelacements, ses interactions, ses connexions innombrables, une nouvelle vision se fait jour, à la suite des découvertes de la physique quantique, qui mettent à mal la logique binaire. Grâce à elles, la reliance est perçue comme au fondement du fonctionnement du monde. De tels apports sont essentiels dans la nécessité où nous nous trouvons aujourd’hui de penser plus large.
De la physique quantique à la logique du tiers inclus
La mécanique quantique représente un tel « scandale intellectuel » que nous commençons à peine à nous ouvrir à ses effets. Elle bouleverse notre façon de penser et nous donne le vertige. Comme l’écrit le physicien Basarab Nicolescu, « elle pourrait changer radicalement et définitivement notre vision du monde », car à son contact, les lois du monde de la macrophysique, auxquelles nous sommes tellement habitués, volent en éclats.
Au niveau quantique prévaut en effet la non-séparabilité. Même lorsqu’elles s’éloignent les unes des autres, les entités – appelées quantons – continuent d’interagir entre elles. A la fois corpuscules et ondes, ou plutôt ni corpuscules ni ondes, on ne peut connaître en même temps leur position et leur vitesse. Elles se jouent de la contradiction : à la causalité locale, elles opposent la causalité globale, à la continuité, la discontinuité. Elles répondent au règne de l’indéterminisme et réagissent de manière probabiliste et aléatoire. Elles échappent ainsi totalement au concept classique d’identité. De quoi nous dérouter complètement !
En fait, explique Basarab Nicolescu, cet aléatoire « a un sens – celui de la construction de notre propre monde macrophysique. Une matière plus fine pénètre une matière plus grossière. Les deux coexistent, coopèrent dans une unité qui va de la particule quantique au cosmos[5] ». Il n’y aurait donc pas un seul mais plusieurs niveaux de Réalité.
A l’échelle quantique, le principe de non-contradiction, tel qu’il a été énoncé par Aristote, n’est plus applicable. Ce fut le mérite du philosophe roumain Stéphane Lupasco de postuler, à partir de sa compréhension des apports scientifiques, une autre logique. Contrairement au principe affirmant qu’il n’existe pas de tiers entre A et non-A (axiome du tiers exclu), il existe en fait un tiers inclus, non perceptible. La relation entre deux aspects opposés de la réalité s’opère grâce à l’existence d’un troisième terme T, qui est à la fois A et non-A (ou qui n’est ni A ni non-A). Basarab Nicolescu le formule ainsi :
Si l’on reste à un seul niveau de Réalité, toute manifestation apparaît comme une lutte entre deux éléments contradictoires (exemple : onde A et corpuscule non-A). Le troisième dynamisme, celui de l’état T, s’exerce à un autre niveau de Réalité, où ce qui apparaît comme désuni (onde ou corpuscule) est en fait uni (quanton), et ce qui apparaît contradictoire est perçu comme non-contradictoire. La logique du tiers inclus est une logique de la complexité et même, peut-être, sa logique privilégiée dans la mesure où elle permet de traverser, d’une manière cohérente, les différents domaines de la connaissance[6].
La logique du tiers inclus ne signifie pas « qu’on puisse affirmer une chose et son contraire »[7] mais elle permet une vision de l’unidualité du monde, de sa non-séparabilité en des termes opposés. De nature paradoxale, elle est le fait d’un processus dynamique que l’on retrouve dans tous les phénomènes. Rien n’est fixe, rien n’est stable, sinon de façon temporaire. Les éléments « contraires » ne sont pas inconciliables mais simplement la manifestation à un moment donné de deux actualisations possibles.
Pour Stéphane Lupasco, l’énergie est à l’origine des manifestations du monde visible. Alors que, dans la physique classique, les objets sont fixes, déterminés et premiers et l’énergie seulement secondaire, avec la physique quantique c’est l’inverse : le dynamisme énergétique régissant les phénomènes prime et l’on parle alors de processus, « d’évènement, de relation, d’interconnexion »[8]. Ainsi les liens précèdent les formes.
Quand une forme se manifeste, elle s’actualise au dépend de la forme antagoniste qui ne disparaît pas mais reste à l’état potentiel. C’est cette même « logique dynamique du contradictoire » qui est à l’œuvre dans les processus psychiques. Lors d’une décision à prendre, on observe souvent un temps d’hésitation pour réaliser le choix A ou le choix B. L’animal qui marque l’arrêt, manifeste son incertitude entre deux possibles : fuir ou se tapir. L’option qu’il prendra laissera l’autre possibilité à l’état de non manifesté. Au final, affirme Nicolescu, « la réalité tout entière n’est qu’une perpétuelle oscillation entre l’actualisation et la potentialisation », entre se manifester et rester en l’état latent[9].
La logique du tiers inclus n’abolit pas celle du tiers exclu mais elle en restreint l’utilisation. Les opposés ne sont vraiment opposés, c’est-à-dire incompatibles, inconciliables, irréductibles, qu’à travers la grille de lecture classique : une vision qui ne considère qu’un seul niveau de Réalité. Pour aller à Marseille, les choses sont déterminées. Il n’y a pas à tergiverser. Il faut prendre le train de Marseille et non celui de Bordeaux ! L’état T, comme l’explique Nicolescu, « s’exerce à un autre niveau de Réalité, où ce qui apparaît comme désuni (onde ou corpuscule) est en fait uni (quanton) et ce qui apparaît contradictoire est perçu comme non-contradictoire ».
Ainsi, le tiers inclus oblige à passer du dualisme qui pose comme principe l’existence de deux réalités à jamais séparées à la dualité qui reconnaît le caractère double d’une manifestation, telle que la manifestation onde / corpuscule à l’échelle quantique, le jour / la nuit au niveau de la Terre, le masculin / le féminin chez les êtres sexués, le corps / l’esprit chez l’individu…
A l’évoquer, on n’est pas sans penser au couple d’opposés Yin / Yang de la philosophie chinoise.En toute manifestation, dans l’être humain comme dans l’univers, deux principes à la fois complémentaires et contradictoires sont distingués : le Yin et le Yang. Entre ces deux termes, existe une dynamique de changement continu qui fait que tout est constamment en transition. Au printemps, le Yang croît, pour atteindre son point culminant au cours de l’été, tandis que le Yin est au plus bas. Mais à l’automne, le Yang diminue tandis que se renforce le Yin jusqu’à son apogée au cours de l’hiver.
Les lois du Yin / Yang s’appliquent à l’ensemble des aspects de la vie. Il n’y a aucun terme qui puisse exister seul, car toujours il est lié à son contraire – le chaud au froid, le jour à la nuit, la terre au ciel, la naissance à la mort… – dans une dynamique d’engendrement et de mutation de l’un en l’autre. Chacun des deux porte en lui le germe de l’autre. Yin et Yang représentent ainsi la double nature de la manifestation, engendrée par le Tao, essence de toutes choses. Il est la « voie » qui « les relie entre eux, en son fonds indifférencié, et assure ainsi, par transition continue entre les contraires… la viabilité continue du monde »[10]. L’interdépendance dynamique du Yin et du Yang est liée au Qi, l’énergie partout présente. Ainsi la pensée chinoise est une pensée ternaire.
Des niveaux de Réalité à la transdisciplinarité
Au cours de ses recherches, Basarab Nicolescu a repris la théorie de la complexité d’Edgar Morin ainsi que la logique du tiers inclus de Stéphane Lupasco. Mais, alors qu’en 1976 il butait sur l’impossibilité d’unifier deux théories, la théorie de la relativité et la mécanique quantique, un nouveau concept a germé dans son esprit : l’existence de niveaux de Réalité. Désormais, les trois principes – complexité, tiers inclus et niveaux de Réalité – allaient constituer pour lui les trois piliers de la transdisciplinarité.
Mais qu’est-ce que Nicolescu entend par « niveaux de Réalité » ? Préoccupé par l’incompatibilité existant entre la théorie de la relativité et la physique quantique, le chercheur a réalisé que, tant que l’on envisage deux logiques contradictoires selon les lois d’un seul et même niveau de Réalité, elles ne peuvent cohabiter. Elles s’excluent l’une l’autre. Elles restent inconciliables. Par contre, l’état T permet leur compatibilité à un niveau différent de Réalité. Ainsi, à un échelon, les choses se manifestent comme une lutte entre deux éléments antagonistes, alors qu’à l’échelon immédiatement voisin une unité plus large les englobe (cf. fig. 1)[11].
Ainsi, à chaque niveau de Réalité, existe un ensemble de lois propres à celui-ci, qui se trouve inopérant lorsqu’on change de niveau. De cet état de discontinuité découle la nature conflictuelle des choses et « l’impossibilité d’une théorie complète, fermée sur elle-même »[12]. Toute vérité qui se veut absolue et rendre compte d’un seul regard du monde ne peut être qu’un mirage, un tour que nous joue notre désir inconscient de rendre compte de tout. Aussi est-il erroné, voire dangereux, de vouloir appliquer des lois correspondant à un registre à un autre, car il n’existe aucun niveau de Réalité qui concorde avec l’ensemble des niveaux. En témoigne de manière caricaturale la tendance actuelle à tout quantifier en valeur monétaire. A vouloir ramener l’ensemble des manifestations de la réalité à ce seul plan, nous y perdons notre âme.
Tout échafaudage conceptuel, qui cherche à résoudre toutes les contradictions d’un échelon, a pour destin d’être stérile à un moment ou un autre, obligeant alors la recherche à découvrir un autre échelon, plus englobant. C’est ainsi que les théories émergeant de la compréhension progressive du monde, au lieu d’être en conflit, deviennent de plus en plus unifiantes, au fur et à mesure de l’investigation. Le réel finissant invariablement par résister au savoir humain, cette évolution de la connaissance est appelée à se poursuivre à l’infini. Elle est « à jamais ouverte ».
La notion d’existence de niveaux de Réalité est remarquable par le fait qu’elle transcende la pensée binaire conventionnelle en posant un troisième terme incluant les deux termes de la dualité. Par ce procédé sans fin, elle postule l’unité même de l’univers multidimensionnel, sans toutefois jamais pouvoir le saisir. Cette notion d’une Réalité unifiée sous-jacente, de laquelle tout émerge, correspond à ce que les anciens alchimistes nommaient unus mundus, le « monde un », l’interdépendance universelle. Elle rejoint ainsi les traditions anciennes qui embrassaient dans une même vision les êtres et les choses.
Avec les temps modernes, un accroissement sans précédent des connaissances a eu lieu. Mais ce phénomène est allé de pair avec un éclatement des différentes disciplines, au point qu’aujourd’hui il ne s’en dénombre pas moins de 8 000, chacune d’entre elles donnant lieu à des savoirs de plus en plus pointus. Devant une approche aussi éclatée de la réalité, un découpage aussi strict des acquis, la nécessité d’une communication entre les différents champs d’exploration s’est progressivement imposée. Ce besoin de déconfinement a suscité l’émergence de « la pluridisciplinarité », de « l’interdisciplinarité et de « la transdisciplinarité ».
Selon la pluridisciplinarité, un même objet peut être étudié à partir de points de vue différents, donc par plusieurs disciplines à la fois. La démarche reste limitée car elle laisse entière et distincte chacune des approches et ne s’occupe pas des interstices entre elles. « L’interdisciplinarité », par contre, permet de créer des passerelles entre les savoirs grâce au « transfert de méthodes d’une discipline à l’autre ».
Quant à « la transdisciplinarité », elle suppose un point de convergence entre les champs de recherche, de ce qui peut les unifier au sein d’un projet dépassant chacun d’eux. Il ne s’agit pas d’abandonner les domaines d’études particuliers, mais de les dialectiser afin de les pousser au-delà d’eux-mêmes. Le sujet se trouve alors totalement réintroduit dans l’exploration objective du monde. Mais loin de se détourner du « rationnel » et de régresser dans un monde « prérationnel », en raison de cette place laissée à la subjectivité, la transdisciplinarité, tout au contraire, crée une ouverture vers le « transrationnel ».
Pour cette raison, Nicolescu la définit comme « ce qui est à la fois entre les disciplines, à travers les différentes disciplines et au-delà de toute discipline »[13]. Ne serait-ce pas la démarche à laquelle l’écopsychologie est appelée ? Ses pionniers insistaient régulièrement pour préciser qu’elle n’est nullement une nouvelle discipline. Selon eux, l’écopsychologie se devait d’être plus englobante, plus inclusive, plus ouverte. Alors, transdisciplinaire ?
Quand s’ouvre l’horizon
En cherchant à saisir quels courants ont nourri l’écopsychologie, il nous est apparu que la pensée systémique a fondé les bases heuristiques du nouveau champ. Parce qu’elle aborde les situations dans leur globalité, autrement dit de façon holistique, la systémique permet de sortir du dualisme et d’appréhender les phénomènes en prenant en compte les connexions, les relations et le contexte. Depuis le début, les écopsychologues sont conscients de la nécessité d’adopter cette vision d’ensemble pour comprendre les interactions au sein des systèmes et entre les systèmes.
Cependant, quand on aborde l’écopsychologie, le sentiment de confusion est encore souvent présent. Linza Buzell et Claig Chalquist ont pointé son caractère « touche à tout », qui aligne connaissances écologiques, savoirs des peuples premiers, développements philosophiques, pratiques diverses, notions d’inconscient et d’archétypes, engagement militant, imaginaires utopiques…, le tout sur un seul et même niveau. Avec les notions de complexité, de tiers inclus et de niveaux de Réalité, il devient désormais possible à l’écopsychologie d’évoluer vers cette forme intégrative dont rêvaient les deux psychologues : un développement logique de connaissances de plus en plus unifiées. Grâce à la transdisciplinarité, un horizon s’ouvre pour le nouveau champ, qui l’aide à sortir de la confusion et lui permet une véritable mise en chantier.
La transdisciplinarité ou « l’interaction entre le Sujet et l’Objet »
« Transdisciplinarité », le mot a été inventé par Jean Piaget en 1970 dans le but de créer des ponts entre les disciplines dans le domaine de l’enseignement. Aujourd’hui, il désigne le nouveau courant philosophique initié par Basarab Nicolescu. Pour ce chercheur, non seulement la modernité a abouti à une multiplication des disciplines, à l’origine d’une parcellisation des savoirs, mais elle a nui au processus d’unification de la connaissance en séparant la technoscience du sujet humain. En restant fixée au même niveau de Réalité, celui des sciences rigoureuses et de leurs applications, elle a nourri la fragmentation du monde, en bloquant « l’avènement d’une intelligibilité supérieure », l’émergence d’une conscience plus grande[14].
Par sa démarche, Nicolescu paraît renouer avec la tradition de l’honnête homme du XVIIe siècle qui supposait une représentation unifiée des savoirs. Il renoue aussi avec les intuitions qui ont nourri diverses formes de spiritualité : orientales, alchimiques, apophatiques… Sortant des sentiers battus, il décrit les fondements et la méthodologie de la transdisciplinarité, à partir des trois piliers – complexité, tiers inclus, niveaux de Réalité – et la définit comme relevant de « l’interaction entre le Sujet et l’Objet ». La notion de niveaux de Réalité s’applique en effet autant du côté de l’objet – par exemple, on peut étudier les systèmes naturels au niveau macrophysique, quantique ou à l’échelle du cyber-espace-temps – que du côté du sujet – avec ses différentes strates : individuelle, communautaire, culturelle, planétaire…
De part et d’autre, du côté de l’objet comme du côté du sujet, une boucle de cohérence est constituée entre les différents niveaux impliqués (cf. fig. 2) [15]. Car s’il y a discontinuité entre eux, il y a aussi « non-résistance », autrement dit possibilité de passer d’un registre à un autre. Le terme de « non-résistance » est en soi remarquable, car, en traduisant la « transparence absolue » cachée derrière le voile des apparences, il n’est pas sans évoquer l’attitude de « lâcher-prise » qui nous est demandée face aux aléas de la vie.
Niveaux de Réalité Niveaux de Réalité
de l’Objet du Sujet
Fig. 2
Aujourd’hui, on sait que la séparation supposée entre l’observateur et l’objet observé est impossible dans l’absolu. Avec la transdisciplinarité, Nicolescu réintroduit le principe que la connaissance est à la fois extérieure et intérieure. Pour lui, « l’étude de l’Univers et l’étude de l’être humain se soutiennent l’une l’autre », chaque niveau de Réalité de l’objet s’offrant à la perception du sujet[16]. Les deux boucles de cohérence, celle de l’objet et celle du sujet, interagissent au niveau de ce qu’il dénomme le « Tiers caché » (point X sur la figure) [17].
Grâce au Tiers caché, que les anciens appelaient autrefois « le mystère », le sacré, où le connu et l’inconnu sont tenus ensemble, où sujet et objet sont intégrés dans leur différence, où le monde apparaît dans son unité, se génèrent les cultures ainsi que les diverses formes de spiritualité, en correspondance avec « le flux d’informations naturelles ».
S’il existe un dialogue entre les différentes disciplines, il ne peut se trouver dans les concepts de l’une ou l’autre discipline mais seulement dans ce que les disciplines ont en commun : le Sujet lui-même, en interaction avec l’Objet, qui refuse toute forme de formalisation et soutient toujours un élément de l’irréductible mystère[18].
De tels développements ne peuvent qu’interpeller l’écopsychologie qui, depuis ses origines, est soucieuse du lien entre le monde externe et le monde interne. Dans un chapitre intitulé « Mort et résurrection de la Nature », Basarab Nicolescu propose « l’élaboration d’une nouvelle philosophie de la Nature » qui échappe tout à la fois à la pensée scientifique moderne, maltraitante pour la subjectivité, et à l’approche magique ancienne, plus symbiotique[19]. Cette nouvelle philosophie repose sur la méthode ternaire de la transdisciplinarité qui prend en compte à la fois l’objectivité, la subjectivité et le lien entre les deux. Elle introduit au sacré, ou « Transnature », l’espace vivant de reliance entre le Sujet et l’Objet, entre les niveaux de perception et les niveaux de Réalité, qui est l’expérience même de ce qui unit les êtres et les choses (cf. fig. 3)[20] :
Il (le sacré) se traduit par un sentiment, celui de la présence du Nous, de ce qui relie les êtres et les choses et, par conséquent, il induit dans les tréfonds de l’être humain le respect absolu des altérités unies par la vie commune sur une seule et même Terre[21].
La perspective transdisciplinaire de l’écopsychologie
Devant le besoin d’une mutation, la nécessité se fait aujourd’hui sentir d’un nouveau récit qui permette au changement de prendre racine dans les esprits. Aujourd’hui, ce nouveau récit ne serait-il pas celui-là même que la transdisciplinarité, orientée « vers l’espace commun du Sujet et de l’Objet »[22], autorise ? Ne serait-il pas aussi celui que l’écopsychologie cherche à tâtons ? Sa compréhension du lien entre la vie intérieure et le monde externe et sa capacité de s’ouvrir à des disciplines et des cultures très différentes semblent le prouver.
La structure ternaire, mise en évidence par Basarab Nicolescu à la suite des travaux de Stéphane Lupasco, trouve une parenté dans les anciennes traditions, notamment orientales. Or, les pionniers de l’écopsychologie se sont pour beaucoup nourris de ces philosophies, notamment du bouddhisme zen et du Taoïsme. Il n’est donc pas étonnant que leurs recherches pour sortir de la pensée dualiste les aient conduits à imaginer un champ qui soit propice à la transdisciplinarité.
Ils se sont aussi largement inspirés des théories de Jung, au point de le considérer comme un de leurs précurseurs. Féru de connaissances sur la tradition alchimique, inspiré lui aussi par les sources orientales, indienne et taoïste, le psychiatre zurichois a poursuivi l’idée d’une conjunction oppositorum, amorcée par Goethe[23]. Pour lui, c’est l’union des contraires qui est le moteur du développement psychique. Le processus d’individuation, qui fait croître le potentiel présent dans le sujet, pour son accomplissement, repose sur une structure ternaire. Il émerge par la complémentarité des pôles opposés et tend vers une unification des possibles. La dialectique entre l’être de raison et le sauvage, toujours présent dans l’homme civilisé, ainsi que la confrontation entre l’animus et l’anima (les axes masculin et féminin dans la psyché) sont au cœur de ce déroulement.
Pour les chercheurs transdisciplinaires, cette théorie se révèle tout à fait pertinente dans le cadre de leur vision. Sans le savoir donc, par les sources qui l’ont nourrie, notamment les traditions orientales et la psychologie des profondeurs, l’écopsychologie relève, par une démarche transdisciplinaire, de la recherche du tiers caché. Rien de plus normal puisque sa préoccupation est de dépasser les dualismes, en mettant en relation plusieurs domaines de recherche afin qu’il en surgisse du nouveau. Et, si des confusions, des dérives, des égarements de jeunesse affectent encore le nouveau champ, on s’aperçoit à l’étude qu’ils relèvent tous d’un manquement vis-à-vis de la pensée complexe ou de la non-prise en compte des niveaux de Réalité.
Manquements vis-à-vis de la pensée complexe lorsque l’écopsychologie reste prisonnière de la logique binaire : lorsqu’elle privilégie, par exemple, le développement personnel en oubliant la dimension collective, ou bien lorsqu’elle fait l’apologie de « la sagesse du Ҫa » en dénonçant les interdits culturels, ou bien encore quand elle oppose approches objective et subjective… Non prise en compte des niveaux de Réalité lorsqu’elle mélange, sous le même nom d’écothérapie, des exercices de mise en contact avec des éléments naturels, générateurs de mieux-être, et des pratiques à réelle visée thérapeutique ; ou bien quand elle se tourne vers des savoirs anciens d’ordre chamanique, qui ouvrent sur l’invisible, et ne voit plus le monde qu’à travers ce regard…
De la diversité des niveaux de perception
L’approche le plus large possible des différents niveaux de Réalité demande une prise de conscience de la diversité des niveaux de perception chez le sujet. Pour répondre à cette exigence, toute personne investie dans l’écopsychologie est invitée à devenir de plus en plus sensible aux aspects hétérogènes du monde. En outre, lorsqu’elle s’exprime, il lui faut préciser de quel « endroit » elle parle, afin d’éviter la confusion entre les niveaux de Réalité. Son discours sera alors non seulement diversifié mais plus tolérant.
La réalité, comme le relève Nicolescu, est multidimensionnelle. Parfois, nous regardons la Terre selon les ressources et les possibilités qu’elle nous offre concrètement ; parfois comme un monde dont nous voulons comprendre le fonctionnement grâce aux outils scientifiques. Nous pouvons la considérer comme un organisme systémique, Gaïa, dont nous dépendons et avec lequel nous avons à composer si nous voulons vivre. Nous pouvons aussi mettre l’accent sur « sa part sauvage » et lutter pour sa préservation, ou bien la considérer comme un sujet de contemplation ou un modèle pour nos créations artistiques… Il n’y a donc pas une nature mais des natures en fonction du contexte historico-social dans lequel nous nous plaçons.
On le sait, la façon dont nos ancêtres en Occident ont considéré leur milieu a fortement changé au fil du temps. Dans La part sauvage du monde, la philosophe de l’environnement Virginie Maris décrit les étapes successives de cette évolution[24]. Depuis l’approche magique qui aborde le monde comme un grand tout, en passant par l’approche aristotélicienne qui permet aux réalités naturelles de commencer à exister pour elles-mêmes, « comme des êtres doués d’une altérité radicale »[25] ; puis l’avènement du christianisme avec sa conception de la nature selon deux modèles : la natura creans, autrement dit le principe créateur, Dieu, et la natura creata, « considérée comme réalité matérielle, actualisation effective des possible ».
Avec la modernité, ce dualisme s’est exacerbé pour asservir le monde aux besoins humains, jusqu’au point de « le vider de toute autonomie ». C’est alors qu’a émergé la réaction romantique avec sa revalorisation de la nature jusqu’à la sublimer. Par la suite, la vision darwinienne et les progrès de la biologie ont ouvert la voie à une conception évolutive et à une intégration des humains dans la biosphère. Enfin, dès le XVIIIe siècle, devant les excès de l’exploitation de l’environnement, le souci de sa protection a fait son entrée sur la scène politique.
Individuellement et collectivement, nous héritons de ces différentes représentations qui se sont, du moins en partie, prolongées jusqu’à nous : magique, poétique, rationnelle, pragmatique, utilitariste, scientifique, protectrice…A nous de les faire vivre dans une vision plurielle. L’ensemble de ces différents niveaux est à prendre en considération, en veillant à n’en exclure aucun. Ils sont tous là présents en même temps et sans que l’un d’eux l’emporte sur les autres.
Avec humour et poésie, Francis Hallé nous introduit aux nombreuses représentations qu’un seul arbre, un grand chêne, peut susciter :
Qu’est-il, ce grand Chêne ? Pour le géographe, une marque paysagère, témoin d’ancestrales pratiques agricoles ; pour le forestier, un cylindre de bois « noble », susceptible d’être abattu, débité puis vendu à un prix intéressant. L’informaticien y verra un défi pour la simulation graphique et se mettra à la recherche des algorithmes les plus significatifs. Êtes-vous porté vers la mystique ? Alors ce Chêne devient un trait d’union entre le ciel, le monde des hommes et la Terre, un symbole cosmique donnant accès à l’universel ; une approche naturaliste y verra plutôt, affublée d’un nom latin, une forme de vie remarquable par sa longévité et l’ampleur de ses surfaces d’échange. Motif urbain ? Source de glands pour nourrir les porcs ? Simple tache d’ombre pour le marcheur de l’été ? Pas du tout, dit l’adepte des médecines douces, dans cet arbre circule un flux d’énergie tellurique : adossez-vous à son tronc et vos douleurs lombaires vont s’apaiser. Vous n’y êtes pas, dit le philosophe, ce Chêne est avant tout la matérialisation de l’écoulement du temps, à la fois mémoire naturelle et support de mémoire culturelle, il est le principe même de la civilisation[26].
Ainsi, nous pouvons voir le grand chêne comme une protection contre le froid. Il répondra alors à notre besoin de sécurité. Ou comme un bois « noble » qui, en rapportant de l’argent, comblera nos besoins de subsistance. Il peut faire l’objet d’observation, pour répondre à notre curiosité sur le monde. Il peut nous permettre de jouer à cache-cache ou de faire de la grimpe, pour notre plaisir d’Homo ludens. A notre fatigue, il s’offrira comme un élément ressourçant et, quand nous entrerons en contemplation devant la majesté de son port, il nous ouvrira au mystère de la vie… Tous ces niveaux coexistent et sont à considérer. Le bûcheron, le commerçant, le scientifique, le joueur, le philosophe, l’artiste, le contemplatif… sont tous appelés à dialoguer pour créer une vision complexe du monde.
Encore faut-il que les capacités de perception ne soient pas entravées par la part demens qui sommeille en chacun. Quand, par exemple, la peur de manquer conduit à la surexploitation, quand les besoins de reconnaissance narcissique poussent à l’accumulation des richesses ou au plaisir pernicieux de dominer le sauvage. L’approche le plus large possible des différents niveaux de perception exige un esprit critique vis-à-vis de soi-même. Elle implique une écoute du sujet dans la pluralité de sa constitution et de ses modes d’être : physique / psychique, conscient / inconscient, sapiens / ludens, rationnel / imaginatif, individu / société…
Avec la vision transdisciplinaire, la querelle entre les différents chercheurs en écopsychologie pourra s’apaiser. Le nouveau champ devient alors plus à même d’accomplir sa vocation : nous rapprocher de notre environnement en sa dimension multiple, en même temps que de nous-mêmes en nos dimensions plurielles ; voir le vivant en nous, chez les autres et dans la relation.
(décembre 2021)
[1] Antonio Damasio, L’ordre étrange des choses. La vie, les sentiments et la fabrique de la culture, op. cit., p. 15.
[2] Stefano Mancuso, Alessandra Viola, L’intelligence des plantes, Albin Michel, 2018.
[3] Serge Moscovici, La société contre nature, 10 18, Union Générale d’Editions, p. 17.
[4] Voir à ce propos l’ouvrage de Val Plumwood, Dans l’œil du crocodile, Wildproject, 2021.
[5] Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité, Editions du Rocher, 1996, pp. 11 et 31-32.
[6] Basarab Nicolescu, « Le réenchantement du monde : approche transdisciplinaire de la conscience », Action & pensée, n° 48, juin 2006, p.28.
[7] Basarab Nicolescu, Nous, la particule et le monde, E.M.E., 2017, p. 172.
[8] Basarab Nicolescu, Qu’est-ce que la réalité ? Réflexions autour de l’œuvre de Stéphane Lupasco, Liber, 2009, p. 22.
[9] Ibid., p. 23.
[10] François Jullien, Si près, tout autre. De l’écart à la rencontre, Grasset, 2018, p. 61.
[11] http://ciret-transdisciplinarity.org/bulletin/b3et4c2a.php (dernière consultation : 26.05.2019)
[12] Basarab Nicolescu, Qu’est-ce que la réalité ? Réflexions autour de l’œuvre de Stéphane Lupasco, op. cit., p. 54.
[13] Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité, op.cit., pp. 64 à 66. Voir aussi : http://ciret-transdisciplinarity.org/transdisciplinarity.php (dernière consultation : 26.05.2019)
[14] Georges Gusdorf, Mythe et métaphysique, Flammarion, 1984, p. 44.
[15] Basarab Nicolescu, «The Hidden Third as the Unifier of Natural and Spiritual Information », Cybernetics and Human Knowing, vol. 22 (2015), n° 4, p. 9. http://basarab-nicolescu.fr/Docs_articles/CHK_1.pdf (dernière consultation : 23.05.2019)
[16 Basarab Nicolescu, Qu’est-ce que la réalité ? Réflexions autour de l’œuvre de Stéphane Lupasco, op. cit., p. 59.
[17] Ibid., p. 58.
[18] Basarab Nicolescu, From Modernity to Cosmodernity. Science, Culture, Sirituality, SUNY Press, 2014, p. 197.
[19] Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité, op.cit., pp. 95 à 97.
[20] Basarab Nicolescu, «The Hidden Third as the Unifier of Natural and Spiritual Information », op. cit., p. 95.
[21] Basarab Nicolescu, « Le tiers et le sacré », in Le sacré aujourd’hui, Editions du Rocher, 2003, p. 96.
[22] Ibid., p. 182.
[23] Christine Maillard, « Unité du sujet – Unité des cultures – Unité de la connaissance dans la psychologie analytique de C. G. Jung », in Unité du monde, unité de l’être, sous la direction de Michel Cazenave, Dervy, 2005, pp. 115 à 134.
[24] Virginie Marie, op. cit., le chapitre « Histoire d’une dichotomie », pp. 37 à 61.
[25] Robert Lenoble, op. cit., p. 73.
[26] Francis Hallé, Plaidoyer pour l’arbre, Actes Sud, 2014, p. 11.