Marie Romanens et Patrick Guérin
(août 2023)
Dans son livre phare Radical ecopsychology, Andy Fisher, ingénieur environnementaliste canadien formé à la psychothérapie, propose une définition de l’écopsychologie qui s’appuie sur son étymologie :
La Psychologie est le logos – l’étude, l’ordre, le sens, ou le discours – de la psyché ou de l’âme. « Eco » vient du grec oïkos qui signifie “maison, foyer”. Ainsi l’écopsychologie aborderait la psyché en relation avec sa maison terrestre, sa maison naturelle[1].
La psyché dans son lien à la Terre, tel est donc le sujet du nouveau champ. Selon les écopsychologues, reconsidérer cette relation pour la favoriser aurait un impact positif à la fois sur l’environnement et sur les humains. Or, il se trouve que les bienfaits du contact avec la nature ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques depuis trois à quatre décennies[2]. A l’heure où notre civilisation occidentale technocratique se voit coupée comme jamais de ses racines terriennes, les chercheurs confirment ce que l’on savait déjà intuitivement : se tremper dans l’eau de la rivière, faire une sieste dans l’herbe, se promener en forêt, jardiner ou simplement admirer le platane par l’embrasure de la fenêtre… toutes ces activités ont une influence bénéfique non seulement sur notre santé physique mais aussi sur notre santé mentale.
Aperçu des études démontrant les bienfaits de la nature
Aujourd’hui, les résultats obtenus par les scientifiques font apparaître que nous avons largement sous-estimé l’impact des réalités naturelles sur notre organisme et notre psychisme. En fait, il aura fallu attendre les années 1980, lorsque les effets favorables des espaces verts sur le stress et l’humeur ont fait l’objet de preuves irréfutables, pour que nous reconsidérions notre manière de voir. Alors que nous nous percevions comme des êtres à part, n’ayant de rapport avec la Terre qu’en raison de ses ressources, nous avons redécouvert l’influence favorable de la nature sur notre santé physique et mentale.
L’une des études scientifiques réalisées à cette époque a été menée par le chercheur américain Roger Ulrich sur des patients qui venaient de subir une ablation chirurgicale de la vésicule biliaire. Les résultats de ce travail furent publiés en 1984, dans la revue Science. Ils démontrèrent que les opérés récupéraient plus facilement lorsqu’ils occupaient une chambre avec vue sur des arbres depuis la fenêtre que lorsqu’ils avaient un mur de briques pour seule perspective. Ils avaient moins besoin d’antalgiques, présentaient moins de complications post-opératoires et sortaient de l’hôpital en moyenne un jour plus tôt. Roger Ulrich en déduisit que le contact avec les éléments naturels avait un effet bénéfique sur la santé en réduisant le stress.
Depuis lors, les preuves scientifiques se sont accumulées pour confirmer l’influence positive des espaces verts. La proximité ou la simple vue d’un bout de nature diminue l’état d’anxiété des personnes incarcérées. Elle augmente le bien-être des salariés sur les lieux de travail et celui des élèves dans les classes, en les rendant plus performants. Les randonnées, les marches en forêt, le jardinage… améliorent la mémoire et les capacités neurocognitives des personnes qui pratiquent ces activités, tout en les mettant de bonne humeur grâce à la libération d’endorphines. La seule présence de plantes dans les chambres des patients ou dans les salles d’école a un impact favorable. Plus surprenant, même la nature virtuelle – posters ou vidéos de scènes champêtres, enregistrement de chants d’oiseaux ou de ruissellements d’eau… – exerce des effets bénéfiques.
En 1989, Rachel et Stephen Kaplan, spécialistes en psychologie environnementale, ont présenté les résultats de dix années de recherche, dans un ouvrage intitulé The experience of Nature : a psychological perspective [3]. Partant du constat que l’attention sélective, habituellement sollicitée par les tâches spécifiques à effectuer, générait à la longue de la fatigue mentale, ils ont découvert que le remède à ce mal se trouvait dans la nature[4]. La campagne, les bords de mer, les forêts, les sentiers montagnards… permettent au promeneur de se distancier de ses préoccupations habituelles. Les beautés qu’offrent ces espaces sollicitent chez lui une attention différente, involontaire, disponible et sans effort, basée sur l’attirance et la curiosité.
Admirer la campanule au bord du chemin, écouter le bruit régulier des vagues, humer les odeurs du sous-bois, suivre des yeux un choucas en plein vol… Par la fascination des lieux, la personne est entraînée dans un voyage intérieur qui génère la récupération de ses forces et la restauration de son aptitude à la concentration. Son stress diminuant, elle retrouve son énergie et dispose à nouveau de l’entièreté de ses capacités cognitives.
A partir de leurs découvertes, Rachel et Stephen Kaplan en sont venus à formuler une théorie, « la théorie de la restauration de l’attention » (Attention Restoration Theory) : l’immersion dans des espaces verts permet le rétablissement des processus exécutifs du cortex préfrontal, notamment l’attention sélective, souvent saturée en raison de sa surutilisation à notre époque.
Tout le monde le sait, l’exercice physique est favorable à la santé. Ce que l’on sait moins, c’est que la même activité pratiquée dans un environnement naturel voit son effet renforcé. En 2009, le japonais Bunn-Jin Park et ses collègues ont demandé à des jeunes gens d’effectuer une marche de quinze minutes. Pour la moitié d’entre eux, l’exercice se passait en forêt. Pour l’autre, en zone urbaine. Les résultats ont été probants : « comparé au cadre citadin, l’environnement forestier favorise des concentrations plus faibles de cortisol, un pouls plus lent, une tension artérielle plus basse, une plus grande activité nerveuse parasympathique et une baisse de l’activité nerveuse du sympathique[5] ». Autrement dit, il diminue l’hormone du stress, améliore le fonctionnement cardio-vasculaire et facilite les fonctions digestives, en permettant un état de plus grande relaxation.
Les auteurs de cette étude soulignent l’importance de poursuivre la recherche sur les effets physiologiques de ce que l’on appelle le Shrinrin-yoku (« les bains de forêt ») afin de développer une “médecine forestière” préventive. Quin Li de la Faculté de médecine de Tokyo ne les contredira certainement pas. Un an après la publication des résultats de Bunn-Jin Park, ce scientifique a réalisé une synthèse de ses propres travaux, démontrant que les promenades dans les bois ont également un effet bénéfique sur les défenses immunitaires grâce à la réduction du stress[6].
Toujours en 2009, des chercheurs néerlandais ont réalisé une étude sur une population de 400.000 individus souffrant de diverses pathologies. Cette enquête a permis de découvrir que les personnes habitant dans des zones riches en espaces verts présentaient moins de troubles cardio-vasculaires, musculo-squelettiques, respiratoires, neurologiques, digestifs…, moins de diabète et de cancer, et moins de problèmes psychologiques (anxiété, dépression) que celles qui ne bénéficiaient que d’un environnement pauvre en éléments naturels[7].
Revenant, en 2012, sur « la théorie de la restauration de l’attention », Ruth Ann Atchley, David L. Strayer et Paul Atchley, psychologues à l’Université du Kansas, se sont demandé si le rétablissement des fonctions cognitives, grâce à l’immersion dans des espaces verts, ne pouvait pas se faire à un autre niveau, celui de la créativité lors de la résolution de problèmes. Pour mener leur étude, ils ont invité des personnes à randonner dans la nature pendant quatre jours, en s’abstenant d’utiliser toute technologie. Après quoi, ils les ont assignées à des tâches faisant appel à leur inventivité pour résoudre des questions complexes. Les chercheurs ont alors constaté qu’à la suite de l’excursion les participants avaient amélioré leurs performances de 50 %. Leurs conclusions sont formelles :
Nos résultats démontrent que passer du temps immergé dans un cadre naturel procure un avantage cognitif. Nous anticipons que cet avantage provient d’une augmentation de l’exposition aux stimuli naturels qui sont à la fois émotionnellement faibles et positifs et d’une diminution correspondante de l’exposition à une technologie exigeant de l’attention[8].
En 2015, Mark Bowen, un enseignant en éducation physique devenu psychologue, a réalisé une étude sur les effets de la marche en forêt auprès d’adolescents de seize à dix-huit ans. Ces jeunes, internes dans une école internationale de Grande-Bretagne, avaient, au cours de leur enfance, accompagné leurs parents dans des pays étrangers et souffraient d’un sentiment de déracinement. Les résultats de l’enquête furent publiés dans une thèse, Mental vitality : Assessing the impact of walk in the woods [9]. Non seulement ils montrent une amélioration des capacités cognitives des marcheurs mais ils font apparaître des changements d’ordre affectif : après leur course, les adolescents se sentaient moins stressés, plus détendus, et leur humeur était devenue plus joyeuse. Il apparaît ainsi que les effets bénéfiques de l’immersion dans les espaces verts ne touchent pas seulement les capacités intellectuelles mais aussi les émotions.
D’autres études plus récentes, notamment celle menée en 2019 par Tanja Sobko (Université de Hong Kong) sur des enfants en âge préscolaire, ont confirmé ces résultats en montrant que les environnements naturels favorisent le calme, l’estime de soi et les ressentis de satisfaction. Le bien-être engendré réduit les difficultés émotionnelles et favorise les comportements prosociaux, en générant davantage de coopération[10].
Au cas où cela ne suffirait pas, les mesures de confinement prises en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, ont montré combien la privation d’espaces verts pouvait être facteur de mal-être. Dans Cerveau et Nature. Pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde, Michel Le Van Quyen, chercheur en neurosciences, fait référence à ce sujet à plusieurs enquêtes qui ont été menées pendant la crise sanitaire. Les personnes bloquées dans leur appartement souffraient beaucoup plus d’anxiété que celles qui disposaient d’un jardin ou pouvaient s’échapper dans un coin de verdure proche. Il en conclut :
Oui, c’est indéniable, il se passe quelque chose d’unique au contact de la nature… [11]
Michel Le Van Quyen déploie un large éventail des moments privilégiés que nous pouvons vivre au sein de la nature : plongés au cœur d’une forêt, baignés dans le silence des montagnes, touchés par la beauté des couleurs, par l’immensité d’un ciel étoilé ou par la rencontre avec un animal sauvage, flottant sur les eaux d’un lac ou en train d’observer les premières lueurs du jour… Comme le révèlent les études scientifiques menées depuis 1980, toutes ces expériences améliorent indiscutablement le fonctionnement de notre organisme et notamment de notre cerveau.
Si, pour Mark Bowen, les mécanismes responsables des bienfaits du contact avec des espaces verts restent pour l’instant encore difficiles à cerner, les derniers travaux scientifiques commencent à apporter des éléments de réponse[12]. Ainsi on a découvert que les arbres ne se contentent pas de libérer de l’oxygène, favorable à notre fonctionnement cognitif. Pour se défendre contre les microorganismes pathogènes, ils émettent des molécules, appelées phytoncides, qui ont le pouvoir de renforcer notre système immunitaire, tout en réduisant notre stress. Par ailleurs, les sentiments d’émerveillement, éprouvés devant la beauté de la nature, favorisent la production d’ocytocine, une hormone qui génère de l’empathie, augmente la confiance en soi et diminue l’anxiété.
Michel Le Van Quyen rappelle que l’espèce humaine a passé des centaines de milliers d’années en contact étroit avec la nature, l’exode rural ne datant finalement que de deux siècles, depuis la révolution industrielle. Nos cerveaux sont en fait très semblables à ceux de nos lointains ancêtres et il ne fait plus de doute que la relation intime que ces derniers avaient avec l’environnement naturel « a modelé en profondeur l’humanité et marqué les comportements fondamentaux »[13]. Pour preuve, l’expérience menée par John Falk et John Balling en1982. Lorsque l’on montre à des participants des photos de cinq écosystèmes – forêt tropicale, désert, forêt de conifères, savane, bois de feuillus –, la plupart d’entre eux montrent une nette préférence pour le paysage de savane, celui qui était adapté à la survie de nos ancêtres.
D’autres phénomènes en rapport avec notre phylogénèse sont avancés. La présence de plantes réveillerait en nous une mémoire enfouie dans notre cerveau, celle de leur existence décisive pour la survie d’Homo sapiens, les longueurs d’onde vertes agissant comme un signal rassurant : « ici, il y a de la nourriture ». De plus, les mouvements de notre corps dans la nature correspondraient à notre adaptation physiologique depuis la nuit des temps.
Un vaste champ reste ainsi ouvert à la recherche, par lequel l’écopsychologie ne peut se sentir que concernée. Il lui revient la tâche de dépeindre et de détailler les processus à l’œuvre à partir du travail d’observation clinique, tout en prenant en compte les résultats des études menées par la psychologie environnementale et par les neurosciences au fur et à mesure de leur publication. Les investigations à l’aide de l’imagerie cérébrale (IRM) ont d’ailleurs commencé à donner des résultats intéressants, en révélant que les milieux naturels activent les « zones du cerveau associées aux images positives et au bonheur »[14].
Des maladies “psychoterriennes”
A partir des années 2000, plusieurs chercheurs se sont tournés vers les enfants, dans l’intention de saisir combien l’environnement exerce une influence sur eux. Devenus plus sédentaires, davantage privés d’espaces naturels en raison de l’urbanisation croissante, « accro » aux écrans et surprotégés par leurs parents, ils ont tendance aujourd’hui à développer diverses pathologies : ils souffrent davantage d’obésité, de myopie, d’asthme, de diabète… mais aussi de retard dans le développement des habiletés motrices et des aptitudes sociales. Certains, parmi eux, développent ce que l’on appelle « le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité » (TDAH). Ils ont un comportement difficile, sont inattentifs, impulsifs, facilement irritables. Cependant leurs symptômes s’améliorent nettement lorsqu’ils participent à des activités de plein air[15].
En 2005, Richard Louv, un journaliste et auteur américain, publia le résultat d’une longue enquête sur le sujet, dans un ouvrage au titre provocateur, Last Child in the woods [16] devenu rapidement un best-seller aux États-Unis. Etudes scientifiques et questionnement des parents et des environnementalistes à l’appui, l’auteur développe le concept de « nature-deficit-disorder », traduit en français par « syndrome de manque de nature ». Comparativement aux générations précédentes, l’espace libre actuellement alloué aux enfants, loin de la surveillance d’un adulte, aurait diminué de 89 %. Ainsi privés de contact avec les réalités naturelles, ils développent davantage de pathologies, souffrent souvent d’obésité et manquent de confiance en eux-mêmes.
Richard Louv avertit : sans relation physique avec des espaces sauvages, l’éducation des enfants est tronquée et leur santé compromise.
Maintenant, nous pouvons présumer que, de même que les enfants ont besoin d’une bonne nourriture et d’un sommeil adapté, ils peuvent vraiment avoir besoin de contact avec la nature[17].
Une étude très récente, menée au Danemark, vient confirmer les inconvénients à vivre en milieu urbain, loin de la nature. Des chercheurs de l’Université Aarhus ont publié, en février 2019, les conclusions d’une enquête portant sur 900.000 personnes, qui mettait en comparaison leur temps de contact avec des espaces verts, de la naissance jusqu’à l’âge de dix ans, et le développement ultérieur de troubles psychiatriques chez certaines. Ces résultats ont révélé que résider en ville augmentait de 55% le risque de développer une pathologie mentale[18]. Ainsi, les recherches montrent non seulement que la fréquentation des lieux naturels est bienfaisante pour les êtres humains mais, en sens inverse, que son absence est susceptible de générer des problèmes sérieux.
A notre époque d’urbanisation massive et de crise écologique, les espaces verts manquent de plus en plus ; ils peuvent aussi être gravement endommagés. Ce n’est pas sans conséquence pour les humains. En 2007, Glenn Albrecht, un philosophe australien travaillant à l’école des sciences environnementales et des sciences de la vie à l’Université de Newcastle, inventa un nouveau mot pour évoquer la peine engendrée par la détérioration du milieu : « solastalgia » que l’on peut traduire en français par « solastalgie ». Littéralement, « la solastalgie » est la peine « engendrée par la perte ou le manque de réconfort et le sentiment d’isolement lié à l’état actuel de son territoire et de son habitat »[19].
C’est en tant qu’engagé dans une recherche pluridisciplinaire concernant l’impact de l’activité minière et d’autres industries lourdes sur la santé des habitants de la vallée du Haut-Hunter[20] que Gleen Albrecht eut l’occasion de mesurer la détresse des personnes confrontées à la destruction de leur environnement. Outre l’augmentation des maladies respiratoires, de certaines formes de cancer rares, de malformations des nouveau-nés, les interviews révélèrent un accroissement des états dépressifs. Bien que n’ayant pas été expulsés, les gens souffraient de ne plus se sentir réellement « chez eux ». Leur sentiment de sécurité, engendré par le fait de vivre dans un lieu connu et apprécié, se trouvait sérieusement entamé devant le constat de sa dégradation sous l’effet d’une technologie brutale. « Perte d’air pur, d’eau fraîche, de la beauté des paysages et de la vie sauvage », la liste était longue des graves dommages subis par leur environnement. Pour Albrecht, le terme de « solastalgia » traduisait leur souffrance éprouvée à la vue de l’ampleur de ces dégâts, une véritable « maladie psychoterrienne »[21] précisait-il, générée par la rupture des liens bénéfiques entre soi et « sa » terre.
Plus récemment, l’idée d’une « douleur écologique » (« ecological grief ») a été reprise, notamment par Ashlee Cunsolo et Neville R. Ellis qui, à partir de leurs études sur des Inuit de la région du Labrador et des fermiers de l’Ouest australien, ont révélé les impacts négatifs des modifications environnementales sur la santé mentale : « dépressions, idées suicidaires, stress post-traumatique, mais aussi sentiments de colère, de découragement, de désarroi, de désespoir[22]. » Outre la destruction des paysages, le fait que les connaissances acquises depuis des générations soient devenues invalides en raison des modifications du milieu est à l’origine de ressentis de honte, d’insécurité et de perte d’identité, sans compter l’angoisse éprouvée pour les générations futures. Un ancien Inuit qui désormais ne peut plus initier ses petits-enfants l’exprimait clairement : « Cela me blesse énormément. Je peux seulement garder ces savoirs pour moi[23]. »
« Syndrome de manque de nature », « solastalgia », « douleur écologique », « écoanxiété », « maladie psychoterrienne ».., de nouveaux mots, de nouvelles expressions ont surgi, au fur et à mesure de la prise de conscience de la détérioration de la relation au territoire. Gregory Bateson, ce pionnier de la systémique, n’avait-il pas lui-même utilisé l’expression de « paysages éco-mentaux » pour rendre compte de l’étroite connexion Homme-Nature ? En même temps que s’élaborent des théories novatrices, un langage inédit se constitue.
« Biophilie », « écophilie », « topophilie »… : une série de nouveaux concepts
Parmi les études scientifiques sur les bienfaits du contact avec des éléments naturels, plusieurs font apparaître le fait suivant : les personnes ayant subi une situation menaçante récupèrent mieux et plus vite lorsqu’elles ont la possibilité de bénéficier de ce contact. La recherche menée en 2000 par Lohr et Pearsons-Mims va plus loin, en démontrant une augmentation de la résistance à la douleur grâce à la seule présence de végétaux. Des étudiants ayant plongé leur main dans de l’eau glacée sont capables de l’y laisser plus longtemps lorsque des plantes vertes se trouvent à proximité[24].
Devant de tels résultats, des chercheurs comme Roger Ulrich font l’hypothèse que nous serions conditionnés par notre biologie pour « répondre de manière positive aux éléments de l’environnement qui signalent des possibilités de survie et de bien-être »[25]. C’est également l’avis de Michel Le Van Quyen qui estime que « la nature s’est profondément inscrite en nous »[26] et celui du géographe Eric Lambin, auteur de Une écologie du bonheur. Face à un paysage, au contact d’un végétal, en percevant un bruit d’eau ou des gazouillis d’oiseaux… notre organisme réagirait favorablement car nous serions secrètement rassurés. Au lieu de nous angoisser, nous éprouvons un sentiment d’émerveillement et développons un état de confiance qui trouverait sa source dans les origines de l’humanité :
Les sentiments esthétiques qu’inspirent des scènes naturelles et leur effet sur la récupération après un stress auraient donc une base génétique qui serait le résultat de l’évolution biologique de l’espèce humaine[27].
Fabienne, qui traversait une épreuve difficile, le formulait à sa manière : « Malgré les moments très éprouvants de ces derniers jours, j’ai pu rester sensible à toutes sortes de beautés végétales ou animales qui se sont présentées à moi, comme des petits signes de vie toujours renouvelés. » Cette aptitude à « rester sensible » à des éléments du milieu naturel, en dépit des tribulations de la vie, n’est pas sans évoquer le concept de « biophilie », développé en premier lieu par le psychanalyste Erich Fromm, puis par le naturaliste Edward Osborne Wilson.
La biophilie selon Erich Fromm
Le mot « biophilie » vient du grec bios qui signifie « vie » et philos, « être en amitié avec ». Littéralement, la biophilie est l’amour instinctif de la vie ou des systèmes vivants. Le terme a été utilisé par Erich Fromm en 1964, dans son ouvrage Le cœur de l’homme[28]. Face à une société de plus en plus technocratique, le psychanalyste s’interrogeait sur les conséquences de cette évolution et dénonçait une tendance à l’indifférence à l’égard du vivant, encouragée dangereusement par la vision mécaniciste. Prenant appui sur Spinoza pour qui « chaque chose, autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans son être »[29], il décrivait l’inclination première, « biophile », de tout organisme à aimer la vie, et, pour commencer, à préserver et affirmer sa propre existence.
Nous pouvons observer ce phénomène partout où il y a vie : chez le brin d’herbe qui se fraye un passage entre les pierres pour trouver la lumière qui lui permettra de vivre, chez l’animal qui lutte jusqu’à son dernier souffle pour échapper à la mort, chez l’homme qui ferait n’importe quoi pour sauvegarder son existence[30].
Outre cet instinct fondamental, la tendance biophile comporte une orientation seconde : une attirance pour tout ce qui est vivant, une propension à nouer des liens, à s’unir, à se rallier à d’autres organismes ; un principe de liaison animant le monde et les êtres humains en particulier.
La substance vivante tend… à l’intégration et à l’union ; elle est animée par un mouvement qui la pousse à rassembler des unités de façon différente, voire opposée, et à se développer de façon structurée[31].
Pour Erich Fromm, la biophilie, autrement dit l’amour de la vie et le goût pour en prendre soin, est indubitablement au fondement de la santé mentale de chacun mais aussi du bon fonctionnement de la société dans son ensemble. Lorsque cette tendance est entravée, quand des conditions familiales ou sociales bloquent son épanouissement, alors une autre orientation risque de prendre le dessus : le goût pour la destruction. A cette réaction, le psychanalyste a donné le nom de « nécrophilie », un mot qui recouvre l’attirance sexuelle perverse pour les cadavres et qu’il appliqua, par extension, à toute impulsion à tuer, à démolir, à briser. Quand la vie ne peut se réaliser, surgissent « les forces de mort », contre soi ou contre l’autre. Le cri de Rimbaud, dans Une saison en enfer, nous fait goûter de ce poison-là, enivrant jusqu’à la folie :
Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie[32].
Biophilie et nécrophilie évoquent, bien sûr, la théorie de la pulsion de vie et de la pulsion de mort – Eros et Thanatos -, élaborée non sans hésitation par Freud après la guerre de 14-18 et devenue depuis l’objet fréquent de controverses dans le milieu de la psychanalyse. Sur ce point, Erich Fromm est formel : les deux forces ne sont nullement équivalentes car elles n’ont pas la même origine. La tendance nécrophile, Thanatos, n’a rien à voir avec l’évolution biologique qui mène à la mort. Cette pulsion de destruction n’a rien d’inné. Elle s’origine en réalité dans un mécanisme psychologique réactionnel, lorsque des obstacles importants – manque crucial de reconnaissance, de soutien parental, secrets familiaux, traumatismes infantiles, conditions sociales défavorables… – se mettent en travers de la pulsion de vie et nuisent à l’accomplissement d’Eros. L’individu est alors freiné dans sa liberté de développer son potentiel : s’émerveiller, entreprendre de façon créatrice, tenter l’aventure, tisser des relations humaines enrichissantes, s’adonner à des activités pleines de sens… L’existence suit alors un cours destructeur. Tant que le sujet n’aura pas touché au désastre intérieur à l’origine de cet état, la tendance nécrophile sera à l’œuvre, s’exerçant contre lui-même, contre les autres, mais également vis-à-vis de l’environnement non-humain, la technologie de l’ère industrielle facilitant aujourd’hui grandement la réalisation de cette pulsion !
La biophilie selon Edward O. Wilson
C’est en 1984, soit vingt ans après les écrits d’Erich Fromm sur la biophilie, qu’Edward O. Wilson, naturaliste et fondateur de la sociobiologie[33], a popularisé le concept. La tendance biophilique, explique-t-il, permet de comprendre pourquoi les humains, tels des papillons de nuit irrésistiblement attirés vers la lumière, recherchent inconsciemment à développer des connexions avec le monde vivant, pourquoi ils éprouvent le besoin de communier avec la nature. Elle exprime « une dépendance humaine à la nature qui va bien au-delà des simples questions de matière et de nourriture physique pour inclure aussi bien la soif de significations et de satisfactions esthétiques, intellectuelles, cognitives et même spirituelles[34] ».
Aux yeux du scientifique, cette pulsion qui nous pousse à nous affilier à d’autres formes de vie, est « un processus profond et complexe du développement mental », inscrit au cœur même de notre biologie. L’attrait pour les paysages, les végétaux, les animaux et le bien-être ressenti à leur contact correspond à un besoin inné, fruit de l’évolution de l’espèce humaine depuis son origine.
Que l’on ne s’y méprenne pas. Il ne s’agit pas d’une attirance purement romantique mais d’un instinct commun à toutes les cultures, une empreinte dans le cerveau humain laissée par 2 millions d’années d’immersion dans la nature. Cette idée trouve sa confirmation dans le fait que ce sont les mêmes paysages de savane qui suscitent de partout la préférence : des espaces ouverts, permettant de surveiller les prédateurs, dotés d’arbres, de points d’eau ainsi que d’une grande diversité de plantes et d’animaux. Spontanément nos organismes sont attirés par ces lieux propices à notre survie.
Nous le sentons au plus profond de nous. C’est une intuition ou un instinct qui nous assure que les conditions pour notre survie sont garanties dans ce milieu naturel. L’émotion éprouvée face à ce type de paysage est donc conditionnée par notre vieux passé commun de chasseurs-cueilleurs et est issue d’une longue coévolution de l’homme avec les ressources environnementales de la savane[35].
D’après l’enquête menée par Eva M. Selhub et Alan C. Logan, auteurs de Comment la nature soigne notre cerveau, des études réalisées en 2010 semblent confirmer l’hypothèse avancée par Edward Wilson. Il apparaît, par exemple, que si l’on fait défiler à toute vitesse différentes images « les sujets à qui l’on montre des paysages naturels, même d’un dixième de seconde à peine, les préfèrent à des paysages urbains ». Ces résultats attesteraient de notre inclination innée :
Même si le lien entre l’humanité et la nature peut être renforcé par un apprentissage social et par un certain romantisme, la nature enflamme notre cerveau comme elle enflammait celui de nos ancêtres primitifs[36].
Dans son ouvrage, Biophilia, Edward Wilson témoigne de cette passion pour les systèmes vivants en entraînant son lecteur dans un voyage autant vertigineux qu’érudit au cœur des sphères naturelles, à la rencontre de leurs habitants. Se faisant l’avocat de sa propre attraction pour la faune, notamment l’univers des insectes, il raconte l’expérience vécue à Bernhardsdorp dans le Suriname.
S’enfonçant dans la forêt tropicale, son équipement de biologiste sur le dos, il s’avançait vers une petite clairière, choisie aux fins de son exploration. Parvenu dans ce lieu, son état mental changea instantanément. De visiteur « sans importance », il fut d’un coup emporté dans une sorte de transe qui ne le quitta plus. Son univers, désormais réduit à quelques centimètres de terre, s’était élargi jusqu’à des dimensions prodigieusement vastes, offrant à son regard émerveillé le spectacle d’une activité débordante.
Les produits négligés de l’évolution étaient ici réunis à des fins qui m’ignoraient tout à fait… L’effet en était étrangement apaisant. Ma respiration et mon rythme cardiaque s’espacèrent, ma concentration augmenta. Il me semblait que quelque chose d’extraordinaire, dans cette forêt, était tout proche de moi, que cela se déplaçait vers la surface et le moment de la découverte[37].
Surgirent alors, offerts à son regard, des moustiques bleus, descendus de la canopée, des cafards aux ailes multicolores, perchés sur des feuilles éclairées par le soleil, des fourmis noires charpentières en file indienne sur un tronc d’arbre mousseux… Terminant son récit, Wilson s’interroge. La vision du biologiste ne tiendrait-elle pas de la pulsion biophilique partagée par tous les êtres humains ? La recherche scientifique marcherait-elle de concert avec l’amour du vivant ? La rigueur méthodologique avec la poésie ? Ne faudrait-il pas reconsidérer notre manière de tout cloisonner ?
Estelle, infirmière dans une unité d’un hôpital psychiatrique, n’hésitait pas à le reconnaître : son existence trouvait à se nourrir à travers deux racines, la terre et son besoin de comprendre le fonctionnement de l’être humain. « Je suis capable de regarder un arbre pendant des heures », expliquait-elle. « Mes collègues cavalent. Boulot, maison, enfants… Je n’ai pas envie de cette vie-là… En ce moment, nous avons un nombre élevé de patients borderline dans le service, des jeunes complètement paumés. Je pense qu’on les psychiatrise beaucoup trop. Il faudrait qu’ils mettent les pieds dans la terre, qu’ils soient occupés à ramasser des framboises, des myrtilles ou des champignons… »
Dans la biophilie réside le sentiment d’émerveillement. C’est lui qui nous pousse à découvrir, à nous aventurer un peu plus loin encore dans le mystère du monde. Edward Wilson, le naturaliste, s’enfonçait au cœur des terres amazoniennes dans l’intention d’explorer « le puits magique » de quelques espèces d’insectes. Poussé par une soif insatiable, il allait de découverte en découverte, au cœur de leur univers, dans un mouvement sans fin, un savoir constamment renouvelé.
Par la contemplation du vivant, nous percevons la perfection de la forme. Délicatesse mauve tendre d’un pétale d’anémone pulsatile, parfum sucré du jasmin, éclat bleuté des ailes d’un geai posé sur une branche… Par nos sens éveillés, nous contactons une beauté parachevée et notre esprit se reconnaît. Cet accomplissement non seulement nous émeut mais nous parle, car nous nous retrouvons en lui.
L’écophilie et la topophilie
Apparue dans les années 1990, donc un peu plus tardivement, l’écophilie est née de la volonté de prendre en compte l’interconnexion entre les êtres vivants et les composants inanimés de l’environnement qui permettent leur existence. Comme l’hypothèse de la biophilie se révélait insuffisante pour recouvrir les différents modes d’interdépendance au sein de la Toile de la vie, il était devenu nécessaire de créer un nouveau concept qui recouvre le contexte écologique dans toute son amplitude. L’écophilie, c’est donc l’amour de la vie dans sa dimension systémique.
Quant à la « topophilie », le géographe Yi-Fu Tuan l’a définie en 1974 comme étant l’amour du territoire, celui-ci comprenant tout à la fois les espaces naturels et les zones construites. Dans un article publié en 2012, « The Topophilia Hypothesis : Ecopsychology Meets Evolutionary Psychology », le paléontologue canadien Scott Donald Sampson reprend le terme pour développer l’idée selon laquelle les êtres humains auraient une tendance innée à se sentir reliés à un lieu particulier, à ses habitants et ses éléments. S’appuyant sur la psychologie évolutionniste, il rappelle la capacité d’adaptation dont ils ont fait preuve pour survivre dans des milieux extrêmement différents, des régions subtropicales jusqu’aux toundras de l’Arctique.
Les chasseurs-cueilleurs du Pléistocène ont su transformer leur mode de vie et créer des technologies innovantes en fonction de leurs nouveaux habitats. Ils ont ainsi développé une « topophilie », une sensibilité particulière aux territoires dans lesquels ils s’étaient installés, en cherchant à se donner le maximum de chances d’y survivre.
La réflexion menée par le paléontologue en rejoint une autre. Dès les années 1960, le psychologue social français, Serge Moscovici, avait en effet insisté sur le fait qu’entre l’humain et son lieu n’existe aucune séparation, que toujours il y a passage de l’un à l’autre, dans une co-création permanente, une transformation conjointe. Homo sapiens habite un territoire. Cherchant à survivre et même à s’y trouver mieux, il le transforme par des découvertes techniques adaptées et, tout en même temps, se transforme lui-même[38].
Le phénomène a commencé il y a bien longtemps, lorsque quelques primates, se risquant hors de la forêt, se sont aventurés dans la savane boisée. Leur installation dans ce milieu étranger, peuplé d’espèces nouvelles, a progressivement transformé leurs activités et, par suite, leur anatomophysiologie. La nécessité de surveiller le terrain à découvert et de courir sur de longues distances a favorisé chez eux la station debout, elle-même entraînant le dégagement des membres supérieurs. La prédation d’animaux plus gros a servi la spécialisation de la main. Le changement de régime alimentaire, plus carné, et l’utilisation du feu, qui rend la viande plus digeste, ont permis une réduction de la mâchoire et, en libérant la boite crânienne, ont autorisé l’expansion du cortex. Enfin, la coordination des initiatives entre les individus engagés dans la chasse a réclamé la production de signaux sonores plus élaborés.
En même temps que se transformaient les corps, un savoir-faire nouveau émergeait qui allait de pair avec une organisation sociale inédite. L’histoire humaine de la nature, c’est cette évolution qui a permis à l’espèce humaine de se dégager du passé pour édifier sa réalité propre, en même temps qu’elle modifiait le monde autour d’elle. Comme l’explique Serge Moscovici, aussi loin que nous remontions dans le développement de l’espèce Homo, il n’existe pas d’individu « primitif, original, purement biologique », mais des êtres dont l’anatomie, la physiologie et même le génome ont été progressivement modifiés par leur manière de faire, par leur comportement, lui-même adapté au milieu et à ses modifications[39].
Revenant aux chasseurs-cueilleurs, Scott Donald Sampson écrit :
Les chasseurs-cueilleurs de la fin du Pléistocène ont colonisé des terres tout autour du globe… Non pas à travers une domination écologique qui les séparait de la nature mais par une évolution culturelle dépendant des innovations technologiques, du langage grammatical, de la coopération avec ceux qui n’étaient pas de leur clan et d’une connaissance intime du territoire[40].
Le paléontologue met l’accent sur la spécificité qui différencie les humains des animaux. En raison de la taille du cerveau fœtal les petits d’Homme naissent en quelque sorte prématurés, après seulement neuf mois de gestation alors qu’il leur en faudrait dix-huit au total. Il en résulte que, pour survivre, le nourrisson a besoin d’une relation durable avec son entourage proche. Il lui faut des bras qui le soutiennent, une peau qui l’enveloppe, un univers de paroles qui le rassurent. Il lui faut en somme une deuxième matrice, à la fois sensorielle, affective et culturelle, qui s’ajoute à la première pour bénéficier des conditions d’échange nécessaires à son développement. Outre cette « prématurité » spécifique qui met le petit Homo sapiens dans un état de dénuement beaucoup plus grand que celui des autres mammifères, de récentes études scientifiques révèlent que, parmi les Hominiens, il est le seul à présenter une enfance aussi longue et un âge de reproduction aussi vieux.
Quel avantage les humains gagnent-ils à devenir matures si tardivement ? se demande Scott Donald Sampson. Leur cerveau cortical se formant à la fois dans une sphère sociale et écologique, ils apprennent à tisser des relations avec leurs congénères en même temps qu’ils acquièrent une habileté à assurer leur existence sur terre. Pour le paléontologue, ce temps long de développement cognitif et psychique, hors de l’utérus, permettrait un attachement avec l’environnement autre-qu’humain qui améliore grandement leurs chances de survie en un lieu donné[41].
Par leurs études sur les bienfaits du contact avec les éléments naturels et les hypothèses qu’ils élaborent pour les expliquer, les scientifiques seraient-ils en train de rendre légitime l’intuition des amoureux de la nature ? Au tout début du XXe siècle, l’écrivain naturaliste américain John Muir l’exprimait avec beaucoup de poésie :
Escaladez les montagnes et recevez leurs bonnes nouvelles. La paix de la nature va s’infiltrer en vous comme les rayons du soleil pénètrent les arbres. Le vent va vous insuffler sa fraîcheur, et les orages leur énergie, en même temps que les soucis tomberont comme les feuilles en automne[42].
[1] Andy Fisher, Radical ecopsychology, Second Edition, State University of New York Press, 2013, p. 4.
[2] Dans Pourquoi la nature nous fait du bien (Dunod, 2012), Nicolas Guéguen et Sébastion Meineri répertorient pas moins de trente-huit études sur les effets bénéfiques du contact avec les plantes, les animaux et les espaces verts.
[3] Rachel Kaplan, Stephen Kaplan, The experience of Nature : a psychological perspective, Cambridge University Press, 1989.
[4] Mark F. Bowen, Mental Vitality : Assessing the impact of a walk in the woods, thèse soutenue en août 2015 (London South Bank University), pp. 45-46. http://researchopen.lsbu.ac.uk/1780/1/2016_EdD_Bowen.pdf (dernière consultation : 23.07. 2023)
[5] Bum Jin Park, Yuko Tsunetsugu, Tamami Kasetani, Takahide Kagawa and Yoshifumi Miyazaki, « The physiological effects of Shinrin-yoku (taking in the forest atmosphere or forest bathing) : evidence from field experiments in 24 forests across Japan », in Environmental Health Preventive Medecine, 2010 Janvier ; 15(1) : 18–26. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2793346/ (dernière consultation : 23.07. 2023)
[6] Nicolas Guéguen et Sébastion Meineri, op. cit. pp. 17 à 19. Voir aussi Michel Le Van Quyen, Cerveau et nature. Pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde, Flammarion, 2022, pp. 40 et 41.
[7] Nicolas Guéguen et Sébastion Meineri, op. cit., pp. 34 à 36.
[8] Ruth Ann Atchley, David L. Strayer et Paul Atchley, « Creativity in the Wild : Improving Creative Reasoning through Immersion in Natural Settings », in Plos/One, December 12, 2012. http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0051474 (dernière consultation : 23.07. 2023)
[9] « Vitalité mentale : évaluation de l’impact de la marche dans les bois ».
[10] https://www.eurekalert.org/pub_releases/2019-01/tuoh-coc011119.php (dernière consultation : 23.07. 2023)
[11] Michel Le Van Quyen, Cerveau et nature. Pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde, Flammarion, 2022, pp. 16 et 17.
[12] https://www.intentionne.com/science-et-sylvotherapie-article2539.htm (dernière consultation : 23.07. 2023)
[13] Michel Le Van Quyan, op. cit., p. 23.
[14] Eva M. Selhub et Alan C. Logan, Comment la nature soigne notre cerveau, Marabout, 2018, p. 43.
[15] Louis Espinassous, Besoin de nature, Editions Hesse, 2014, pp. 15 à 17.
[16] « Le dernier enfant dans les bois ».
[17] Richard Louv, cité par Mark Bowen, op. cit., p. 21.
[18] https://www.pnas.org/content/early/2019/02/26/1807504116 (dernière consultation : 23.04. 2019)
[19] Glenn Albrecht, « ″Solastalgia″, a new concept in Health and Identity » (« ″Solastalgie″, un nouveau concept pour la santé et l’identité »), PAN n°3, 2005, p. 45. http://www.academia.edu/21377260/Solastalgia_A_New_Concept_in_Health_and_Identity (dernière consultation : 23.07. 2023)
[20] Nouvelle-Galles du Sud en Australie.
[21] « Psychoterratic illness » en anglais.
[22] https://theconversation.com/hope-and-mourning-in-the-anthropocene-understanding-ecological-grief-88630 (dernière consultation : 23.07. 2023)
[23] Ibid.
[24] Nicolas Guéguen et Sébastion Meineri, op. cit. pp. 28 à 31.
[25] Eric Lambin, Une écologie du bonheur, Poche – Le Pommier !, 2014, p. 51.
[26] Michel Le Van Quyen, op. cit., p. 23.
27] Eric Lambin, op. cit., p. 51.
[28] Erich Fromm, Le cœur de l’homme, petite bibliothèque payot, 1979.
[29] Spinoza, Ethique, III, Proposition 6, Editions de l’Eclat, 2011, p. 205.
[30] Erich Fromm, op. cit., p. 56.
[31] Ibid., pp. 56-57.
[32] https://www.poetes.com/textes/rbd_enf.pdf (dernière consultation : 23.07. 2023)
[33] La sociobiologie est l’étude des bases biologiques des comportements sociaux dans le règne animal.
[34] Stephen R. Kellert, Edward O. Wilson, The biophilia hypothesis, Island Press, p. 20.
[35] Michel Le Van Quyen, op. cit., pp. 24 et 26. L’auteur fait référence à l’étude menée par deux chercheurs en psychologie évolutionniste, John Falk et John Balling, sur les préférences des gens concernant les paysages : « Development of visual preferences for natural landscapes », Environment and Behaviour, 14, pp. 5-28, 1982.
[36] Eva M. Selhub et Alan C. Logan, op. cit., p. 19.
[37] Edward O. Wilson, Biophilie, Biophilia, José Corti, 2012, p.16.
[38] Serge Moscovici, Essai sur l’histoire humaine de la nature, Flammarion, 1968.
[39] Marie Romanens et Patrick Guérin, L’écopsychologie. Comment renouer avec la nature pour agir autrement, Ed. du Dauphin, 2021.
[40] Scott Donald Sampson, « The Topophilia Hypothesis : Ecopsychology Meets Evolutionary Psychology » (« L’hypothèse de la topophilie : rencontre entre l’écopsychologie et la psychologie évolutionnaire »), in Peter H. Kahn, Jr., and Patricia H. Hasbach, Ecopsychology. Science, Totems and the Technological Species, The MIT Press, 2012, pp. 29-30.
[41] Ibid., p.27.
[42] John Muir, Our National Parks, Sierra Club, 1901.